Une sélection de la magnifique collection de Michel Perrier
Pour beaucoup d’entre nous, le patchwork est une création américaine parfois anglaise.
Mais pour les françaises, sa découverte n’a réellement commencé qu’en 1971 lors de la première exposition de patchworks américains au musée des Arts Décoratifs à Paris.
L’art de l’assemblage des tissus remonte à l’histoire de l’humanité car la rareté et la pauvreté faisaient que l’on recyclait les objets jusqu’à leur usure ultime et que l’on essayait même de récupérer, pour les assembler, les morceaux d’étoffe encore utilisables (restes de pantalons, gilets, capotes militaires…).

La pauvreté, l’isolement des populations rurales entre autres du Massif Central ont conduit les femmes auvergnates à récupérer des morceaux d’étoffes pour les assembler en tapis, descentes de lit, dessus de lits, courtepointes… Ces patchworks ne sont donc pas faits avec des tissus neufs comme c’est le cas actuellement mais avec des tissus déjà usés d’où leur fragilité et quand ils sont en laine, leur sensibilité aux mites.
Le patchwork (travail, oeuvre fait de morceaux) répond alors à un état de nécessité car l’argent liquide étant rare, ravaudage et assemblage s’imposaient à des familles pauvres souvent rurales, mais également à une inspiration portée par des revues de mode et de travaux de dames qui existaient depuis la fin du XVIIIe siècle et proposaient certaines créations aux femmes des classes moyennes ou aisées urbaines mais pas seulement.
Depuis 1860, ces revues donnent des modèles d’ouvrages à réaliser pour la maison ou la famille.
Elles circulaient dans une ville, un canton ou un village et les échanges entre familles ou voisines étaient probables. Les patchworks qu’ils inspiraient, n’étaient pas des copies serviles mais des ouvrages pleins de créativité. On pouvait montrer qu’on savait se servir de ses doigts et qu’on avait du goût.
Art populaire textile, les patchworks auvergnats sont le plus souvent en morceaux de laine assemblés (« piècés ») et rebrodés.

Une originalité est la création de patchs à languettes rebrodées de laine et cernées par un point de feston. Ces languettes sont appliquées sur un support de grosse toile (parfois toile de sac à grains ou toile à matelas) permettant des décors variés ayant une réelle originalité.
Le patchwork français ancien ne se résume pas à la création du Massif Central mais a aussi été fabriqué en Alsace, Normandie, Saintonge, Languedoc Bretagne ou Provence. Il date de la deuxième moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle. En Europe, Grande Bretagne, Suède, Pays Bas…, ont aussi un patrimoine d’œuvres en patchwork.
Que cette exposition soit l’occasion de découvrir ou redécouvrir la beauté des créations des femmes de ce pays mais soit aussi un thème d’inspiration pour de nouvelles créations contemporaines. Qu’elle soit une occasion de rêver ou de voyager…
Et sûrement, dans quelques armoires de famille, des trésors à découvrir et à sauver…
Michel Perrier : [email protected]
Espace 13 de l’exposition Matière(s) à voyager
En parallèle de l’exposition, retrouvez une conférence gratuite de Michel Perrier : « Le patchwork français ancien, un art populaire textile », tous les jours à 13h30 (durée 45mins).
Rendez-vous sur l’espace conférences de l’exposition.